Olivier le Dastumer

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Publié le : 11 août 20214 mins de lecture

Coup de coeur de « Passerelle des Arts et des Cultures », la série des masques d’Olivier le Dastumer, interpelle autant qu’elle dérange. L’auteur nous présente son travail :

« Confessions d’un masque » par Olivier Le Dastumer

Les masques. Il y a ceux que l’on porte. Et ceux que l’on croise. Il y a ceux que l’on ôte dans certaines circonstances. Mais aussi, ceux que l’on garde, même dans la plus grande intimité. Un véritable théâtre Nô se déroule chaque jour sous nos yeux sans même que nous ne nous en apercevions.
Ces masques que l’on se forge ou qui sont forgés par la société nous collent tellement à la peau que l’on ne réalise parfois plus qu’on les porte. La socialisation des enfants, l’identité sexuelle des adolescents, le monde du travail, tout concourt au port du masque obligatoire. Mais nous-même savons-nous encore ce qui constitue notre être sans les masques que nous portons. Ces masques que nous portons deviennent une partie constituante de notre propre personnalité. Vouloir s’en défaire peut provoquer une immense souffrance puisque c’est une véritable partie de nous que nous arrachons : la folie pirandellienne nous guette alors.

Les masques… Intemporels. Universels. Omniprésents.
Des théâtres antiques aux carnavals de Venise ou de Rio. Masque de sorciers ou de Super
Héros, masques de chirurgien et Masque de fer. Masque de clown aux sourires qui s’écroulent. Masque de ski. De plongée. Masque de bal costumé, accessoires à folles farandoles où l’on peut devenir un autre, pour un temps. Les masques protègent. Celui qui les porte ou celui qui les voit.
Ainsi, qu’ils inquiètent ou qu’ils amusent, les masques fascinent.
Parce qu’ils cachent les physionomies. Empêchant le décodage subtil des traits d’un visage,ils cèlent alors l’intentionnalité d’un être. Ils inquiètent.
Parce qu’ils nous permettent d’exprimer ou de voir s’exprimer librement une facette autre
de notre personnalité, extravagante, exagérée, délurée. Ils amusent.
Parce qu’ils cachent les secrets que la société nous empêche d’exprimer. Cette société qui s’est faite forgeronne en façonnant pour chacun de nous un empilement de masques à porter. Masques tout symboliques mais qui représentent pourtant bien notre réel !

Dans cette série de photos, « Confessions d’un masque », j’aborde la difficulté de tomber le masque. Parce que nous savons bien que « Ce que les gens considéraient comme une attitude de ma part était en réalité l’expression de mon besoin d’affirmer ma vraie nature et c’était précisément ce que les gens considéraient comme mon moi véritable qui était un déguisement. » ( Yukio Mishima) et que nous savons aussi qu’il arrive un moment où le besoin s’affirme, impérieux, de tomber le masque.
Au sein-même d’un des rares espaces où la mise à nu puisse être envisagée : l’intimité. Pour autant, l’entreprise n’est pas aisée. Car arracher ces masques si longtemps portés, revient à se dépouiller d’une partie de sa personnalité, et à prendre le risque d’être jugé par l’autre, alors que l’on se trouve dans une situation de fragilité extrême : sans protection aucune.
J’ai choisi d’aborder cette thématique à travers une narration. L’histoire d’un homme qui arrache ses masques dans la sphère la plus intimiste qui soit : l’alcôve. C’est ainsi que chaque photo relate les péripéties et difficultés rencontrées. Embarras, hésitation, doute, demande d’assistance, prise de risque. Jusqu’à la chute.
Le masque, matérialisation de notre réalité symbolique, peut-il s’abattre ? Ou pas ?

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