Le code astronomique de Dante – Personnages Histoires Curiosités, Critiques de livres

Publié le : 11 août 202123 mins de lecture

Au cours des quelque sept cents ans de critique dantesque, l’aspect scientifique de la « Divine Comédie » n’a été que très peu pris en considération : en analysant l’impressionnante richesse bibliographique et l’immense structure littéraire, historique, théologique et philosophique de la « Comedia », on se rend compte de la quantité de choses qui ont été écrites d’un point de vue spirituel sur la plus grande œuvre d’Alighieri et comment, au contraire, sa puissante culture et ses connaissances scientifiques ont été complètement occultées.

Alighieri, Cantique après Cantique, vers après vers, laisse un chemin bien écrit et délimité, parfaitement visible, qui indique la voie de la compréhension, non pas un labyrinthe de notions médiévales, mais un chemin bien balisé de connaissances mathématiques-astronomiques, qui se déploie et se déroule avec une clarté incommensurable.

L’enfer

L’Enfer est imaginé par Dante comme un gouffre en forme de cône inversé, dont le sommet est au centre de la Terre. Sa structure s’est formée au début des temps à cause de la chute de Lucifer, qui est tombé du Paradis, de manière à rester coincé au centre de la Terre ; le gouffre infernal s’ouvre sous Jérusalem, dont l’axe est la verticale de Sion. Selon l’architecte et mathématicien Manetti (1423-1497), la base du cône infernal a un diamètre de 3 250 milles, égal à la valeur du rayon de la Terre. Le fait que le cône de « douleur éternelle » (If., III, 2), arrive au centre de la Terre, nous donne une correspondance parfaite avec le mouvement circulaire que l’axe de la Terre fait autour de l’écliptique ; Dante à partir de l’Enfer lui-même, nous permet d’arriver au premier indice de la précession équinoxiale.

La ville de Jérusalem, comme spécifié, est placée sur la verticale de Sion, puisque Alighieri place la ville sainte au centre des terres habitées. Il connaît l’axe terrestre : l’axe qui tourne et qui génère le cône créé par le retrait des terres émergées, horrifiées par l’arrivée de Lucifer, n’est autre que l’axe terrestre lui-même, qui par rapport au pôle de l’écliptique a un angle égal à 23°,5′, et pointe droit vers l’étoile polaire.

Alighieri connaissait une telle étoile, puisque l’axe susmentionné pointe directement vers elle : l’étoile polaire est la dernière « face » de la constellation d’Ursa Minor, parfaitement visible dans l’hémisphère nord, vers le pôle Nord. Dante mentionne cette étoile très importante : « Il faut donc savoir que, si une pierre pouvait tomber de ce pôle qui est le nôtre (le Boréal), elle tomberait là (perpendiculairement au pôle Nord de la terre, dans l’océan, et non sur la terre au-dessus), au-delà dans la mer océanique, en un point de cette bosse de la mer où, si c’était un homme, l’étoile (le Polaris) serait toujours au milieu de sa tête, et je crois que de Rome à cet endroit, en allant tout droit, par le vent du nord (vers le nord), il y a un espace de deux mille cent milles ou un peu plus ou moins » (Cv., III, V, 9). Avec ces mots, l’auteur non seulement prend pour acquis le fait de connaître l’axe de la Terre, grâce à la direction parfaite de l’étoile polaire, mais indique également la croyance en l’existence de deux pôles terrestres et parvient même à calculer la distance entre le pôle Nord et Rome. La distance est exprimée en 2.600 miles, ce qui correspondrait à environ 4.900 Km. Si l’axe terrestre pointe vers l’étoile polaire, Dante sait alors comment calculer la précession équinoxiale, et c’est à ce moment-là qu’il commence son voyage mystique pendant l’équinoxe de printemps.

Nous avançons donc l’hypothèse que la structure de l’Enfer correspond exactement au schéma géométrique de la précession axiale de la Terre, que Dante aurait employé pour fonder toute la cosmologie et la structure même du Poème sur la précession équinoxiale.

la datation cosmologique du monde

En ce qui concerne la datation cosmologique du monde, Dante assigne à l’histoire humaine une période de 26 000 ans, que l’on peut reconstituer en rassemblant les informations importantes fournies par la lecture de certains cantos. Dans le chant XXVI du Paradis, Adam affirme qu’il est resté dans les limbes pendant 4 302 ans, après avoir vu le Soleil retracer le chemin qu’il parcourt en un an, revenant progressivement 930 fois dans tous les signes du Zodiaque. De même, dans le XXIe canto de l’Enfer, le diable Malacoda affirme que 1 266 ans se sont écoulés depuis que le pont de la VIe bolgie s’est effondré, en raison du tremblement de terre qui a secoué la Terre au moment de la mort de Jésus. Considérant qu’Adam a vécu 931 ans et que l’achèvement des 1.266 ans depuis l’effondrement du pont de la sixième bolgie s’est produit pendant le voyage à travers l’Enfer de Dante et Virgile, le Poète Suprême commence son voyage en l’an 1.267e de la mort du Rédempteur : puis en ajoutant le nombre d’années, qui sont obtenues de cette information, nous arrivons à : 4 302 931 1 267 = 6 500 ans, ce qui correspond exactement à la moitié du demi-cycle précessionnel. La deuxième et dernière période de 13 000 ans devra s’écouler à partir de 1300, année du début du voyage mystique de Dante, avant le Jugement dernier qui aura lieu dans la vallée de Josafat à la fin de toutes choses.

On peut supposer que Dante, dans la « Comedia », envisage la transmission du code de la précession à la fois sur un plan géométrique-interprétatif et sur un plan allégorique-textuel. En ce qui concerne le purgatoire, sa structure est diamétralement opposée à celle de la précession. Dante représente en effet le second royaume ultraterrestre comme une antithèse de l’enfer, tant par sa position géographique que par sa conformation. Comme nous l’avons vu, l’Enfer est un gouffre profond dans l’hémisphère nord, le Purgatoire est une montagne qui s’élève au centre de l’hémisphère sud, diamétralement opposée à la verticale de Sion. Sa base a toujours un diamètre de 3 250 milles, correspondant au rayon équatorial de la terre. Il est plus que naturel que l’axe qui a généré le cône infernal inversé, dessine le cône de la montagne du Purgatoire, dans une sorte de schéma précessionnel inversé.

Tout cela a déclenché une intuition qui a ouvert la voie à l’écriture de mon premier livre intitulé « Le code astronomique de Dante – La connaissance interdite de la Divine Comédie », (Collana Quinta Essentia, Eremon Edizioni, pp. 144 – 2012).

En effet, en analysant les vers de la « Comediaa », j’ai commencé à comprendre les profondes notions astronomiques d’Alighieri du I canto du Purgatorio (vv. 22-27) :

Des versets très importants, à examiner et à sonder avec un soin extrême. Dante est sur la plage entourant le Mont Purgatoire avec Virgile à l’aube, et porte son attention sur le ciel de l’Antarctique. Le Poète est frappé par quatre étoiles, si brillantes qu’on les compare à des flammes. La critique traditionnelle explique ces lumières par les quatre vertus cardinales, qui conviennent bien au chrétien pratiquant pour la bonne conduite de sa vie quotidienne, pendant les heures où le Soleil brille. Mais laissons de côté cette interprétation, un peu désuète et typiquement scolaire : rien n’est plus clair que le fait que les quatre étoiles sont celles qui forment la constellation de la Croix du Sud, la plus célèbre de la sphère céleste australe, composée, dans le bras le plus long, par des étoiles doubles de magnitude 1°, Acrux et Y, et dans le bras le plus court par deux étoiles de magnitude inférieure (environ 2°- 3°). Le Poète Suprême affirme que de telles étoiles n’ont jamais été vues, sauf par le « premier peuple ». Les « premières personnes » sont les géniteurs de l’humanité, Adam et Eve, placés par Dieu dans le magnifique jardin d’Eden. Dans la géographie de Dante, ce lieu enchanteur est situé au sommet du Mont Purgatoire, c’est pourquoi les deux premiers hommes auraient vu, depuis l’hémisphère sud, cette constellation. Les recherches archéo-astronomiques nous fournissent cependant de nombreux autres indices. Dante a placé le cycle de l’histoire humaine dans la limite d’un seul cycle précessionnel de 26 000 ans. En calculant les générations à travers la Bible, Adam et Eve ont dû vivre aux alentours de 4 400 ans avant Jésus-Christ. L’archéoastronomie, à partir d’études récentes, a placé l’Eden en Mésopotamie, entre le Tigre et l’Euphrate, donc dans l’actuel Irak : si nous voulons être encore plus précis géographiquement, l’ancien Jardin luxuriant, a pris la place de l’actuelle Bagdad.

En utilisant le programme pour Windows, Skyglobe, créé spécifiquement pour observer la position des étoiles, si nous fixons les coordonnées du millénaire, du siècle, de l’année, du mois, du jour et de l’heure qui nous intéressent particulièrement, nous observons avec une facilité embarrassante qu’en Mésopotamie, en 4 400 avant J.-C., dans le ciel du matin à 7 heures, le 21 mars (l’équinoxe de printemps), nous voyons la Croix du Sud. Les calculs de Dante ne sont pas faux d’un degré : il savait parfaitement que pendant la période vernale, la constellation de la Croix du Sud était visible à l’époque d’Adam et Eve, en Mésopotamie.

Dante connaissait la précession équinoxiale et dans les vers qui suivent immédiatement la vision des quatre étoiles, c’est lui qui déplore leur absence dans le « site veuf du nord », l’hémisphère nord !

 » Siècle II avant J.-C., île de Rhodes, une place non précisée : un homme, sous le regard amusé des passants, s’asseyait vêtu d’un lourd manteau. À ceux qui l’ont interrogé sur la raison de cette tenue, compte tenu de la belle journée ensoleillée, il a répondu qu’il avait prédit un orage… qui est ensuite, ponctuellement, arrivé ! ». C’est par ces mots que Pline l’Ancien (« Historia Naturalis », Livre II : Cosmologie), rapporte une anecdote, presque une légende, ou un moment réel de la vie d’Hipparque de Nicée, considéré, avant Ptolémée d’Alexandrie, comme le plus grand astronome de l’Antiquité.  » Hipparcos, Hipparque de Nicée, est né dans cette localité, dans l’ancienne Bithynie : aujourd’hui Nicée est Iznik, dans l’actuelle Turquie. On connaît peu de choses de sa biographie : les quelques nouvelles de sa vie nous sont transmises par la « Géographie » et l' »Histoire naturelle » de Pline l’Ancien (premier siècle avant J.-C.) et de Théon d’Alexandrie (quatrième siècle) et par l' »Almageste » de Ptolémée. On situe sa date de naissance entre 194 et 190 avant J.-C., et Ptolémée lui attribue ses premières observations astronomiques vers 162 avant J.-C., déjà sur l’île de Rhodes, où il construit un observatoire astronomique, équipé d’instruments de précision tels que l’astrolabe et le soi-disant « anneau d’Hipparque », un cercle grâce auquel il a pu calculer les dates du début des équinoxes, du printemps et de l’automne : ce cercle est orienté comme l’équateur céleste, projection de l’équateur terrestre sur la voûte céleste. Son inclinaison sur le plan horizontal dépend donc de la latitude du lieu : ce n’est que le jour où le Soleil se déplace selon son mouvement apparent sur l’équateur céleste, le jour des équinoxes (21 mars, 22 ou 23 septembre), que l’ombre de la moitié du cercle tournée vers le Soleil est projetée sur l’autre moitié, ou que les ombres des deux moitiés se superposent, marquant le début du printemps ou de l’automne.

Pour Ptolémée, Hipparque n’a pas dû vivre au-delà de 120 avant J.-C., car après cette date, il n’y a plus de publications sur ses études astronomiques. Bien que nous sachions que le grand astronome a écrit au moins quatorze livres, aucun d’entre eux n’est parvenu jusqu’à nos jours, parce qu’ils ont été surpassés par les écrits de Ptolémée lui-même, et n’ont pas reçu l’attention appropriée de l’amanuensis, qui ne les a pas conservés. C’est grâce à l' »Almageste » que nous connaissons l’œuvre cyclopéenne de celui qui est considéré comme le père de la science astronomique dans l’Antiquité. Le premier grand mérite d’Hipparque est d’avoir utilisé les observations et les connaissances accumulées au cours des siècles, jetant ainsi les bases du grand développement de l’astronomie scientifique, basée sur l’observation instrumentale ; c’est à lui que l’on doit la rencontre avec l’algèbre et l’arithmétique indiennes, l’astronomie numérique mésopotamienne et l’astronomie géométrique grecque.

Le code astronomique de Dante

Hipparque affirmait qu’en astronomie, il était nécessaire de travailler avec les angles, c’est pourquoi il est également considéré comme le fondateur de la trigonométrie : en effet, il a compilé une table trigonométrique qui lui permettait de résoudre n’importe quel triangle et qui reliait les angles aux rapports des côtés, de sorte que, connaissant l’angle, il était possible de remonter aux rapports et vice versa. Les rapports réciproques fixes sont les fonctions trigonométriques : sinus, cosinus, tangente et cotangente.

Hipparque a marqué la durée inégale des saisons, en supposant que la Terre tournait autour du Soleil, une découverte très importante, la première théorie héliocentrique, mais qui n’a jamais été prise en considération et définitivement sapée par la théorie géocentrique de Ptolémée.

Hipparque de Nicée a compilé un catalogue d’environ 1080 étoiles, notant pour chacune d’elles la longitude et la latitude sur la sphère céleste, sans oublier d’indiquer leur luminosité par la magnitude. L’échelle des magnitudes stellaires, encore utilisée aujourd’hui, définit les classes de luminosité intrinsèque d’une étoile. La magnitude apparente correspond à la magnitude stellaire des anciens astronomes ; la magnitude absolue utilisée aujourd’hui n’est rien d’autre que la découverte d’Hipparque, légèrement modifiée au cours du XIXe siècle : c’est la luminosité d’une étoile placée à une distance conventionnelle de 10 parsecs (32,6 années-lumière).

mais la plus grande découverte d’Hipparque de Nicée est sans aucun doute le mouvement précessionnel des équinoxes, qu’il a découvert en constatant que la position de l’étoile Spica, dans la constellation de la Vierge, mesurée par lui en 139 avant J.-C., différait d’environ 2° de la mesure effectuée par Aristillus et Timocrates en 273 avant J.-C.. En raison de l’attraction combinée du Soleil, de la Lune et des planètes sur le bourrelet équatorial de la Terre, l’axe terrestre décrit un cône autour de la normale au plan écliptique. L’inclinaison de l’axe terrestre sur l’écliptique ne change pas, mais les points d’intersection de l’équateur céleste avec l’écliptique (les équinoxes) se déplacent. L’équinoxe vernal, ou premier point du Bélier, également appelé point vernal ou point gamma, origine des coordonnées équatoriales célestes, se déplace sur l’écliptique dans la direction opposée à celle du mouvement de la Terre, de sorte que la Terre revient à sa rencontre avant d’avoir accompli une révolution autour des étoiles fixes. Le point du Bélier recule de 50″, soit 25 par an, et traverse tout l’écliptique en 25,765 ans ; il est appelé ainsi parce qu’à l’époque d’Hipparque, l’équinoxe de printemps se trouvait en Bélier (aujourd’hui, il s’est déplacé vers le Verseau, à l’époque de Dante, il se trouvait dans la constellation des Poissons). Cela signifie que l’équinoxe vernal, au cours duquel le Soleil traverse l’équateur céleste du sud au nord chaque printemps, remonte le long du Zodiaque, à raison d’une constellation tous les 2 100 ans. En raison du mouvement de précession, l’axe de la Terre, qui pointe actuellement vers l’étoile polaire (CV., III, V, 9), pointait à l’époque des anciens Égyptiens, en 3 000 avant J.-C., en direction de l’étoile principale du Dragon, Thuban, et dans 11 000 ans, il pointera vers l’étoile Véga, de la Constellation de la Lyre.

Hipparque de Nicée a approfondi l’étude de la science astronomique, à tel point qu’il peut être considéré comme « moderne » ; en fait, les études physico-astronomiques fondamentales qui ont révolutionné et démantelé les croyances médiévales primitives appartiennent à l’ère moderne : la théorie héliocentrique copernicienne, les lois de Kepler (1571-1630), fondement de l’Astronomie contemporaine, avec la découverte des orbites elliptiques des planètes, et les principes de la gravitation universelle et du calcul infinitésimal d’Isaac Newton (1642-1724), auquel on attribue à tort la découverte de la Précession équinoxiale. Tous ces grands astronomes sont des « fils » d’Hipparque, qui a ouvert la voie à ces découvertes fondamentales.

Au XIIe siècle, de nouvelles réalités cognitives apparaissent, fruit de la connaissance de la culture arabe. Dans la première moitié du XIIe siècle, l’étude d’Aristote revient sur la scène intellectuelle, d’abord par le biais de traductions de l’arabe, puis du grec. C’est le début de la grande floraison de la scolastique médiévale, fortement attachée à l’interprétation d’Aristote, et dont le plus grand représentant philosophique fut saint Thomas d’Aquin. Parmi les traducteurs d’ouvrages scientifiques à partir de l’arabe, se distingue Gherardo da Cremona, exceptionnel vulgarisateur d’un « Traité d’astronomie » ou « Syntaxe mathématique », connu sous le nom d' »Almageste » par Ptolémée : traduite d’abord du grec au latin (Sicile 1160), c’est la version de l’arabe de Gherardo da Cremona, réalisée sur ordre de Frédéric Barberousse, qui est largement diffusée dans l’Europe médiévale !

Dante Alighieri connaissait la précession des équinoxes, découverte par Hipparque de Nicée au deuxième siècle avant J.-C., mais dans la « Divine Comédie », la source de ce grand astronome n’est jamais directement exprimée ; ce n’est qu’à travers l’analyse textuelle des passages à caractère astronomique que l’on arrive à l’interprétation et à la prise de conscience que Dante savait, dans le domaine scientifique, beaucoup plus que ce que la culture de l’époque imposait. Un homme de grande intelligence, comme l’était Alighieri, ne pouvait pas ne pas lire, ou du moins ne pas connaître, l' »Almageste » de Ptolémée. L’astronome alexandrin n’avait fait que rassembler toutes les informations des scientifiques de l’Antiquité, pour les fusionner et créer la théorie géocentrique, sur laquelle tout le monde médiéval s’est fondé, jusqu’aux découvertes coperniciennes. Une théorie qui plaçait la Terre au centre de l’Univers était plus que bienvenue pour une culture chrétienne, qui voyait en Dieu le seul salut et l’ordre du monde, et l’Homme soumis directement à Lui, au centre de l’ordre universel et cosmique avec notre planète Terre. Hipparque de Nicée avec la théorie précessionnelle et la théorie héliocentrique, n’a pas été pris en compte par l’amanuensis qui a laissé se perdre tout le patrimoine scientifique, mathématique, trigonométrique et bien sûr astronomique, transcrit en quatorze livres par Hipparque. Le peu que l’on sait de ce grand savant est directement accessible à partir des écrits de Ptolémée. C’est grâce à lui que la science et le monde de la culture ont pris conscience de l’existence d’Hipparque de Nicée.

Un fil conducteur relie l’astronome grec et le suprême Dante Alighieri, malgré l’occultation de l’amanuensis et les quinze siècles d’histoire qui s’écoulent entre la découverte de la précession équinoxiale et la rédaction de la « Comedia ».

Hipparque de Nicée, jusqu’à l’avènement de Ptolémée, était considéré comme le plus brillant astronome de l’Antiquité, « maintenu en vie » par des écrivains latins tels que Pline l’Ancien, qui à leur tour, au contact de la culture grecque, ne pouvaient certainement pas sous-estimer et négliger un personnage d’une telle importance scientifique. Avec le temps, les informations biographiques ont été perdues pour faire place à la contribution scientifique qu’Hipparque a apportée à l’astronomie, la faisant passer d’une science empirique à une doctrine extrêmement pratique, grâce à l’introduction de la trigonométrie. Les écrits parviennent à Ptolémée, qui se concentre sur la scientificité de l’astronome qui le précède de quatre siècles, rapportant les découvertes les plus sensationnelles : le catalogue des constellations, des étoiles, le 2° rétrograde de Spica, qui permet la théorie de la précession. Tout cela a été incorporé dans l' »Almagest ». Avec la désintégration de l’Empire romain d’Occident, la culture gréco-alexandrine est tombée dans l’oubli. Ce n’est que grâce aux invasions islamiques et aux croisades qui ont suivi que la rencontre des deux cultures a eu lieu : l’occidentale chrétienne et l’orientale islamique. D’un point de vue scientifique, la culture musulmane, qui était entrée en contact avec une culture grecque qui n’avait pas complètement disparu, était supérieure à la culture chrétienne occidentale, qui était si attachée à purger de tout écrit ou de toute forme d’art ce qui était considéré comme païen et donc hérétique.

Comme nous l’avons mentionné avec les traités d’Aristote, Gherardo da Cremona, cité dans le « Convivio » (II, XIV,7), Dante connaissait l' »Almageste » et par conséquent Hipparque de Nicée et la précession équinoxiale. La démarche d’Alighieri, donc dans la « Comedìa », est plus que constructive : l’itinéraire du Dante pèlerin, se déroule en vue du salut ; l’itinéraire astronomique est une découverte dédiée au lecteur de la « Comedìa », qui est invité à découvrir, interpréter, comprendre, cette connaissance astronomique que le Poète suprême veut transmettre. Et Dante Alighieri se tourne directement vers l’éternité des cieux et des étoiles, pour permettre à quiconque d’atteindre le chemin tracé par les étoiles, d’atteindre la Lumière de Dieu et son salut tout-puissant pour nous, pécheurs, placé sur le « parterre qui nous rend si farouches » (Pd., XXII, 151).

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